Discours de S.E.M. l’Ambassadeur İsmail Hakkı Musa À l’occasion du lancement du programme d’activités de FEDACTIOdans le cadre du cinquantième anniversaire de la migration des travailleurs turcs en Belgique

İsmanil Hakkı MUSA 08.02.2012

Madame Joëlle MILQUET, Vice Première Ministre et Ministre de l’Intérieur,
Madame la Ministre Brigitte GRAUWELS, Monsieur le Ministre Emir KIR,
Madame Isabelle DURANT, Vice Présidente du Parlement Européen,
Madame Julie de GROOTE, Présidente du Parlement Bruxellois,
S.S.S. Princesse Stéphanie de Windisch-Graetz,
Mesdames et Messieurs les représentants des corps constitués,
Mesdames et Messieurs,



C’est un plaisir et un honneur pour moi d’être parmi vous ce soir, à l’occasion du lancement d’un vaste programme d’activités prévues par la Fédération des associations actives de Belgique dans le cadre du cinquantième anniversaire de la migration des travailleurs turcs en Belgique.

Permettez-moi tout d’abord de vous présenter les sincères excuses de Madame Tulin KARA, Co-présidente du Groupe d’Amitié parlementaire Belgo-turc, qui, compte tenu de son programme chargé n’a pu se déplacer pour cette occasion.

Durant les dernières décennies surtout, on a vu fleurir une littérature laborieuse, riche sur les phénomènes migratoires. Les pays, comme les instances internationales, comme l’Union Européenne, ont notamment légiféré en la matière. C’est dire que le sujet qui nous préoccupe aujourd’hui a des aspects politiques, économiques, sociologiques et surtout humains.


Une place particulière, dans cette perspective, est affectée aux mouvements migratoires issus de notre pays.

Avant de partager quelques réflexions avec vous sur le thème d’aujourd’hui, permettez-moi de faire une parenthèse sur les relations turco-belges. Nous avons dans l’histoire un long chemin de compagnons avec nos amis belges. Notre Ambassade est présente en Belgique depuis 1848. Durant cette histoire d’amitié plusieurs fois centenaire, nos relations politiques, économiques, commerciales et culturelles se sont développées sans cesse. Nos pays adoptent des politiques similaires face à des grandes questions internationales. Notre coopération au sein des instances internationales est bien fructueuse. Les années 1960 témoignent d’un élargissement de nos relations bilatérales avec l’arrivée en Belgique de nos ressortissants. Ainsi la présence aujourd’hui d’une communauté turque de 220.000 personnes environ est le trait d’union par excellence entre la Turquie et la Belgique.

Pour en revenir à ce qui nous occupe aujourd’hui, à la veille du cinquantième anniversaire de la migration de la main d’œuvre turque en Belgique plusieurs constats s’imposent :

- La migration qui n’était prévue que pour quelques années au début des années 60, a laissé déjà derrière elle une histoire d’un demi-siècle. Comme tout le monde le sait, nos compatriotes étaient venus dans ce pays pour un séjour provisoire, mais au bout d’un certain temps ils ont choisi de devenir résident permanent en Belgique. D’abord les familles ont été regroupées, ensuite les appartements ont été achetés. Les enfants ont grandi dans ce pays. Au début, on parlait de la première, de la deuxième génération, dorénavant on parle de la troisième génération, de plus il existe déjà une quatrième génération dans certains pays. Ce ne sont plus alors des migrants mais bien une partie intégrante de la population du pays d’accueil.

- Leurs activités commerciales qui ne se traduisaient qu’en petites épiceries se sont transformées d’abord en des entreprises familiales de taille moyenne ensuite en de grandes entreprises. Il existe aussi des entreprises ayant une telle structure qu’elles embauchent même des gens du pays de résidence. C’est dire combien les Turcs ou bien les européens d’origine Turque apportent leur soutien à la structure de production du pays d’accueil. Pas uniquement par leur main d’œuvre, mais ils la soutiennent aussi par leur savoir-faire, leur culture et leur capital.

- Les associations issues de la Communauté qui s’étaient focalisées au début sur les activités d’entraide et de solidarité, ont commencé à élargir leurs domaines d’action. De nos jours, elles ont des structures appropriées ayant pour but de s’adresser non seulement à la Communauté mais à toute la population du pays.

- D’autre part, la participation active de nos concitoyens à la vie politique du pays d’accueil devient de plus en plus un facteur d’intégration efficace.

- Il est de plus en plus possible de rencontrer des personnes d’origine turque dans tous les secteurs et professions en Belgique. Toutes ces évaluations vérifient que la population turque a déjà accompli le processus d’intégration et elle a toujours le désir et l’enthousiasme nécessaire pour ce faire.

- L’organisation de la soirée d’aujourd’hui par une organisation non gouvernementale issue de la Communauté, est révélatrice quant à la capacité mobilisatrice de la société civile.

- Toutefois, nous estimons que les progrès réalisés à cet égard ne sont pas suffisants. Une attention particulière est nécessaire pour l’éducation de nos enfants. Ainsi, on incite nos ressortissants à suivre de très près la scolarité de leurs enfants. Si on le compare avec les années passées, on voit que le niveau d’éducation de nos ressortissants s’est bien amélioré.
Dans cette perspective, l’apprentissage des langues du pays d’accueil requiert une importance particulière.

Ces remarques invitent, surtout dans les conditions de crise économique actuelle, à une observation non moins importante. Nous assistons, ici et là, dans différents pays, aux prémices de certains phénomènes préjudiciables, qui se manifestent sous forme d’extrémisme et d’exclusion. Je pense que ce qui pourrait constituer un remède à cela, c’est avant tout l’intégration encore davantage des valeurs universelles de la démocratie, qui sont aussi des valeurs européennes que nous partageons tous.

Pour terminer j’invite tous les acteurs de la société civile qui vont prendre des initiatives pour cette commémoration qui concerne toute la communauté turque de Belgique, à s’adresser à notre Ambassade pour une meilleure coordination des projets, et d’éviter ainsi les éventuelles duplications.

Merci de votre attention et bonne soirée.