Discours de S.E.M. l’Ambassadeur İsmail Hakkı MusaSur les opportunités économiques et commerciales en Turquie À VOKA- Limbourg

İsmail Hakkı Musa 10.02.2012


Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

C’est un plaisir pour moi d’être ici, à la Chambre de Commerce du Limbourg et de pouvoir m’adresser aux distingués hommes d’affaires de la région.

Nous traversons une période difficile, marquée par la crise économique qui a également certaines conséquences politiques selon les pays. Les transformations politiques régionales profondes qui ont inévitablement des répercussions planétaires nous invitent à en avoir une bonne lecture.

Aussi, avant de partager avec vous quelques réflexions sur nos relations économiques et commerciales, je voudrais partager certains éléments historiques.

Les relations entre la Belgique et la Turquie ont débuté en 1837 avec la reconnaissance par l’Empire Ottoman de l’Indépendance de la Belgique. Les relations diplomatiques ont été établies en 1848. La visite effectuée par le Duc de Brabant, futur Roi Léopold II de Belgique, à Istanbul en 1860 a apporté une impulsion considérable aux relations. Depuis, nos relations continuent à se développer.

Au début des années 1840, les entrepreneurs belges, conscients de l’importance de l’Empire Ottoman en général, mais aussi et en particulier en matière de commerce international, commencèrent à venir s’établir à Istanbul. Nos relations économiques et commerciales datent de la première moitié du 19e siècle et continuent depuis cette époque à se développer. Les deux pays sont membres du Conseil de l’Europe, de l’OTAN, de l’OCDE, de l’OSCE et de l’OMC. La communauté turque, qui compte à ce jour plus de 220.000 personnes, est bien intégrée en Belgique, comme le montre la présence de plusieurs élus d’origine turque au Parlement Fédéral et Régional belge et aussi par les responsabilités qu’ils occupent.

Les organisations telles que le Conseil d’Affaires Belgo-Turc et bien d’autres organisations semblables ont été créés avec comme objectif de développer la coopération entre les sociétés turques et belges, en particulier dans le domaine de la construction, de l’énergie, de l’industrie et de la télécommunication. Dans cette perspective, la coopération entre les PMEs belges et turques a une place particulière.

Suivant ces remarques, je voudrais dans un premier temps faire un bref résumé de la situation économique mondiale de ces dernières années, pour poursuivre ensuite par la situation politique, économique et commerciale de la Turquie et terminer par l’évolution des échanges turco-communautaires et belgo-turcs :

Nous sommes tous témoins d’une crise globale qui a affecté profondément toute l’économie mondiale et plus particulièrement la Zone Euro. Selon les données du rapport du panorama économique mondial du FMI daté de septembre 2011, en dépit de la chute initiale de - 0,7% réalisée lors de la crise de 2008-2009, le PIB mondial a enregistré une performance positive avec une augmentation de 5,2% en 2009. Néanmoins, la faiblesse institutionnelle et les problèmes structurels ont causé une nouvelle crise de la dette en Europe qui a ramené le PIB mondial à 3,8%. Parallèlement, dans la Zone Euro le PIB a chuté de 1,9% à 1.6%.

Le panorama 2012 pour l’Europe et pour le monde ne sera pas plus favorable que celui de l’année précédente : les prévisions du FMI nous montrent que le PIB global sera de 3,8% alors qu’une récession modérée est en attente pour la Zone Euro avec une croissance négative de 0,5%.

Lors du bouleversement de l’économie mondiale, la Turquie avait déjà conçu son dessein politique, économique et commercial en prenant en considération les derniers développements et les diversifications des enjeux économiques mondiaux.

Malgré la situation inquiétante dans le monde, la Turquie a abordé la crise de 2008-2009 avec une situation budgétaire assainie et un système bancaire consolidé, qui lui ont permis de faire face à la récession en affichant un taux de croissance de 9% en 2010. Cette expansion accélérée s’est poursuivie en 2011 : l’économie turque a progressé de 9,6% sur les neuf premiers mois de l’année 2011, soutenue par la vigueur de la demande interne, principal moteur de l’activité économique. Le secteur des services a contribué à hauteur de 4,9 pts à la formation du PIB au 3e trimestre 2011, le secteur industriel à hauteur de 2,1 pts. Le secteur de la construction continue d’afficher depuis fin 2009 une croissance à deux chiffres : +10,6% au 3e trimestre 2011. Ainsi l’économie turque a enregistré une des meilleures performances des pays de l’OCDE. Ces bons résultats macroéconomiques résultent notamment de l'engagement des autorités turques à mener des politiques rigoureuses (monétaire et budgétaire) dans le cadre des programmes de stabilité, politiques qui se sont avérées fructueuses et également du dynamisme des acteurs privés turcs.

La stabilité politique et le processus d’adhésion à l’UE ont amélioré également la confiance en la gestion économique du pays.

La dynamique du processus économique a révélé le potentiel économique et a renforcé la place de la Turquie dans le classement mondial. Ainsi, la Turquie est devenue une puissance politique et économique dans sa région. Je suis convaincu que la Turquie va renforcer sa position actuelle dans les années à venir et pourra atteindre ainsi son objectif.

Pour synthétiser ce qui vient d’être exposé, il convient de communiquer quelques chiffres actuels sur la Turquie :

La 16e économie mondiale, le 15e exportateur, le 22e importateur et le 5e marché émergent dans le monde ;

Une population de 74 millions d’habitants et 736 Milliard de USD PIB ;


Une croissance économique impressionnante entre 2002-2011 ( 0 ,6% en 2008, -4 ,7 % en 2009, 9% en 2010 et 8, 4% en 2011) ;

Un volume d’échanges d’environ 300 milliards USD par an ;

Une économie stable avec une inflation à un seul chiffre ;

Un intérêt croissant de la part des investisseurs étrangers ;

Une plateforme de transit pour les ressources énergétiques ;

Une des plus jeunes et dynamiques populations de l’Europe dans une des régions les plus stratégiques dans le monde ;

Une force impulsive découlant du processus d’adhésion à l’UE ;

Une des plus importantes destinations touristiques (30 millions de touristes pour un revenu de 20 Milliards USD);

Pour toutes ces raisons, la Turquie fournit d’excellentes opportunités aux opérateurs et investisseurs étrangers.

Dans cette atmosphère propice dont on vient d’exposer les principales lignes, les flux d'investissements directs étrangers ont atteint des niveaux importants (de moins d'1 milliard USD en 2002, ils ont atteint 22 milliards USD en 2007 - année record - et ont conservé, malgré la crise, un niveau soutenu, de l'ordre de 10 milliards USD par an sur les trois dernières années). Le déficit budgétaire ne dépasse pas 3,6 % du PIB (à la fin 2010), tandis que l'inflation a été ramenée de près de 70 % (en 2001), à moins de 6,5 % (décembre 2010).

Les investissements étrangers directs en Turquie au premier semestre 2011 ont grimpé en flèche de 324% par rapport à la même période de l'année précédente. Le pays a réussi à attirer 6,9 milliards USD d'investissements étrangers sur la période de janvier à juin, en comparaison avec les 1,6 milliards de l'année 2010.

Selon les données de la Banque centrale de la République de Turquie (TCMB), les investissements provenant de pays européens ont augmenté de plus de 388%, pour atteindre 6,2 milliards USD, tandis que les entrées provenant des pays du Proche et du Moyen-Orient sont descendues à 76 millions USD, soit une baisse de 43,3%.

Le secteur des services, a attiré plus de 5,7 milliards USD et reste le premier bénéficiaire des entrées d'IED au premier semestre, tandis que les 1,1 milliards restants ont été distribués au secteur secondaire turc.
Selon le rapport annuel de la CNUCED, la Turquie a occupé, en 2010, le 27e rang mondial des sites d’accueil avec 9,1 Mds USD (30e rang en 2009). Malgré une reprise économique soutenue depuis le début de l’année 2010, les flux d’IDE demeurent toujours bien en-dessous de ses niveaux d’avant la crise financière. Selon les statistiques de la Banque centrale de Turquie, le pays a accueilli 9,3 Mds USD d’IDE en 2010. Ces flux ont représenté 1,3% du PIB alors qu’ils s’établissaient à 3,4% du PIB en 2007 et 2,5% en 2008. Les achats immobiliers des étrangers en Turquie ont constitué 2,5 Mds USD de ces flux.
L’Europe, grâce à sa proximité géographique et à l’étroitesse de ses liens commerciaux, est le premier investisseur direct en Turquie : elle a ainsi généré 79% des flux de capitaux investis en 2010 (après 84% en 2009).
La Belgique occupe, fin 2011 et en termes de stocks, le 3e rang des investisseurs étrangers en Turquie avec 7,2 Mds USD, derrière les Pays- Bas (15,44 Mds USD) et les Etats-Unis (7. 3mds USD).

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais partager également avec vous quelques chiffres et informations sur les échanges de la Turquie.

En 2011 la Turquie a enregistré une exportation de 134 Milliards USD et une importation de 242 milliards USD. L’UE est le partenaire principal de la Turquie avec une part de 41,7% dans le volume commercial de notre pays. La Turquie est le 7e partenaire commercial de l’UE avec une part de 3.6%. Elle est le 5e client de l’UE et le 7e fournisseur de cette dernière avec une part de respectivement 4.5% et 2.8%.

L’exportation des produits les plus importants vers l’UE sont les véhicules et les produits des secteurs de l’automobile, du textile et de l’habillement, des équipements de machine et machinerie, des éléctroménagers.

Quant à l’importation en Turquie de l’UE: les machines, les équipements éléctroniques et mécaniques, les produits de machinerie sont les produits les plus marquants.

Suivant l’alignement de notre politique commerciale à celle de l’UE dans le cadre de l’Union Douanière, la Turquie a conclu plus de quinze Accords de Libre Echange avec certains pays tiers parmi lesquels on peut citer AELE, l’Israël, la Macédoine, la Croatie, la Bosnie-Herzagovine, la Palestine, la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, la Syrie, l’Albanie, le Monténégro, la Serbie, le Liban, la Jordanie, le Chili, l’Ile Maurice. Les Accords de Libre Echange sont pour la Turquie des instruments efficaces pour avoir accès aux nouveaux marchés.

Mesdames et Messieurs,

Nos relations commerciales sont basées sur la Décision de 1/95(Union Douanière) datant du 1.1.1996 et un momentum favorable a été établi depuis. Mais malgré cela, les chiffres actuels ne réflètent pas le potentiel de nos pays respectifs.

Les échanges bilatéraux entre nos deux pays ont enregistré un volume total d’un montant de 7 Milliards d’Euro en 2010. Selon les chiffres des 10 premiers mois de l’année 2011, le volume commercial des deux pays a déjà atteint le même montant que celui de l’année précédente. En comparant avec le volume commercial franco-turc (12 Milliards d’Euro), je dois avouer que nos échanges bilatéraux sont remarquables.

La Turquie est le 13e sur la liste des principaux clients et le 18e sur la liste des principaux fournisseurs de la Belgique. La composition de nos échanges est semblable à celle des échanges Turquie-UE.

Les investissements belges en Turquie ont atteint un niveau très important avec un montant de 7,2 Milliard USD en 2011(Novembre 2011).

A ce propos, nous attachons la plus haute importance à la Mission Economique Princière en Turquie qui aura lieu du 14 au 20 octobre prochain. C’est une grande opportunité pour les milieux d’affaires des régions en Belgique et en Turquie. A cet égard, nous sommes prêts à approfondir toutes coopérations et collaborations en tant qu’Ambassade, Bureau du Conseiller Commercial et toutes autres institutions publiques et privées.

Tout en tenant compte des opportunités du marché turc et de l’importance du secteur privé belge dans le monde, nos deux pays peuvent être complémentaires afin de réaliser plusieurs investissements communs.

J’espère que ceci vous a permis à tous de revoir le potentiel et la capacité de la Turquie et ce qu’elle peut offrir aux sociétés et investisseurs belges.

Je vous remercie pour votre attention.